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LE COMTE DE NOEL

Il est assis devant la cheminée.

Une cheminée sans feu.

Quelques bruits viennent du dehors lui rappeler que des gens vivent là tout autour.

Le regard du comte est fixe.

Fixe sur la cheminée sans vie. Une cheminée noire.

Il fixe son âme par la cheminée sans feu.

Il voit la cheminée, il comprend son âme.

Il est comte, duc, roi, empereur ; et seul.

La vie de la cheminée est doucement partie.

Elle s’est retirée sans le dire, a battu en retraite en silence. Et le comte s’est un jour aperçu que la cheminée était morte.

Sans le savoir.

Il fait froid.

Il fait froid dans le cœur du comte.

Noël.

Et la cheminée est aussi lugubre que le ciel bas et pluvieux, le temps froid et humide : le comte pourtant ne s’en soucie pas.

Il fixe la cheminée vide de feu.

Il y imagine d’anciennes flammes, cette chaleur disparue faite toute d’étincelles et ces grésillements de vie.

Le comte remet une mèche qui se distrait sur son front soucieux en une place imaginaire. La nuit est tombée, le Soleil va renaître. Les bruits du dehors se font plus rares et plus forts. Le comte s’assoit dans son fauteuil, un profond fauteuil Régence. Le comte ferme les yeux, le comte est mort. Il sourit.

Au loin, dans les douze coups de minuit, le petit Jésus pousse, une fois encore, ses premiers babillements.

Tag(s) : #Nouvelles
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