
Le clown sait ce qu’il est ;
L’autre pas.
Le clown sait ce qu’il sait ;
L’autre l’ignore.
Si le clown rit, il sait qu’il pleure ;
L’autre ne sait pas pleurer.
Si le clown tombe, il sait pourquoi ;
L’autre ne sait pas tomber.
Quand le clown entre sur scène, il n’est plus rien ;
L’autre n’entre nulle part.
Quand le clown fait rire son bonheur est là ;
L’autre n’est qu’une blague de hasard.
Et le clown derrière son maquillage est profond ;
L’autre ignore qu’il est maquillé.
Et le clown qui joue avec les mots les comprend ;
L’autre ignore le sens des mots.
Parfois coulent les larmes du clown ;
L’autre ne fait que fabriquer des larmes.
Parfois brillent les yeux du clown ;
L’autre ne fait que voir.
Cependant que le clown voit loin la vie ;
L’autre s’arrête à sa porte.
Cependant que le clown est sans prétentions ;
L’autre construit des remparts à ses peurs.
Alors le clown,
Une larme à l’œil
Inconnue aux autres regards,
Quitte la piste
Au sable mouillé
De ses pleurs.